Extrait

Ci-dessous un extrait des plus interessant tiré des débats
parlementaire de l'assemblé national à propos de la loi dite
sur "l'autonomie des universités".

 
Pour compléter vous pourrez aussi consulter une série
de 4 vidéos sur le sujet sur le site de l'autre campagne :

http://www.lautrecampagne.org/

" M. Daniel Goldberg. Examinons quelques sujets clef.

En quoi les pouvoirs que votre texte donne au président de l'université
évitent-ils les effets néfastes du localisme puisque rien n'empêche les comités
de sélection tels que vous les avez conçus de renforcer ce travers ?

Par ailleurs, alors que sont vantés les systèmes des autres pays développés,
votre organisation des pouvoirs à l'université, en mêlant les responsabilités
de gestion et les responsabilités purement scientifiques, n'est en rien
comparable à ce qui existe ailleurs. Sur la question du recrutement,
essentielle quant à notre appréciation générale sur ce texte, aucun mode
d'organisation à l'étranger ne confie aux responsables de la gestion de
l'établissement la composition des instances chargées du recrutement des
enseignants chercheurs et, qui plus est, d'un comité de sélection pouvant
comporter des spécialistes d'autres disciplines. Les gestionnaires n'y ont pas
non plus la responsabilité ultime du recrutement avec droit de veto, ni la
responsabilité des salaires par un système de primes et d'intéressement ou la
responsabilité du choix des statuts des enseignants avec possibilité de
recruter hors statut.

En outre, le conseil d'administration tel que vous l'avez conçu porte mal son
nom : son rôle de conseil est faible une fois le président élu et
l'administration est essentiellement aux mains du président.

Notre conception de la production et de la transmission des savoirs est
orthogonale à celle qui prévaut pour les produits marchands. Comme l'a rappelé
un de mes prédécesseurs à cette tribune, leur organisation ne saurait être
calquée sur celle de l'entreprise.

De surcroît, vous nous proposez un président autonome par rapport aux corps
intermédiaires de son établissement – les enseignants-chercheurs, les
personnels IATOSS et les étudiants -, un président qui a finalement très peu de
comptes à rendre une fois élu, un président qui peut être amené à renforcer les
forts au détriment des faibles dans son établissement, soit par choix soit pour
attirer des crédits privés supplémentaires.

Vous nous proposez une organisation qui peut aboutir à la disparition des
universités les moins prestigieuses parce qu'elles auront de moins en moins de
moyens alors que ce sont des établissements qui participent aujourd'hui aux
réussites de notre enseignement supérieur, car des réussites, il y en a et il y
en a depuis vingt ans.

En effet, si les échecs sont trop nombreux à l'université, dans le premier
cycle en particulier, on ne peut nier ce que les universités et leurs
personnels ont été en quelques années capables de réaliser en matière
d'adaptation : la massification de l'enseignement supérieur, avec l'arrivée de
classes sociales qui n'y avait pas accès précédemment, et une transformation
importante avec la mise en place du LMD.

On cite souvent les très discutables critères de Shanghai pour prouver les
difficultés de nos universités, mais pratiquons l'ouverture jusqu'au bout et
citons aussi des études faites à Paris, …

M. Yves Bur. Mais c'est du localisme !

M. Daniel Goldberg. …notamment l'enquête « emploi » de l'INSEE qui me semble
avoir quelque intérêt : 60 % des diplômés de nos anciennes maîtrises, licences
et DEUG, toutes filières confondues, n'ont pas connu le chômage à leur entrée
dans la vie active et seuls 11 % – ce qui est déjà trop – ont connu plus d'une
année de chômage. Replacés dans le contexte d'un doublement des effectifs
universitaires en vingt ans, ces chiffres marquent plus une réussite qu'un
échec.

Les situations d'échec à l'université sont néanmoins une réalité puisque pour
la moitié des jeunes d'une génération qui entreprennent des études supérieures,
environ 80 % sortent avec un diplôme alors que 20 % sont en échec. Cela impose
donc des réformes et nous avons proposé des améliorations que votre majorité au
pouvoir depuis plus de cinq ans n'a pas voulu ou n'a pas pu prendre en compte.
Mais l'échec lors des études supérieures recouvre des situations diverses
suivant le type de baccalauréat de l'étudiant : son taux est relativement
faible pour les titulaires de baccalauréats généraux, plus important pour les
étudiants titulaires d'un baccalauréat technologique, très important pour ceux
qui ont eu un bac professionnel.
(…)

Mme la présidente. Concluez, monsieur le député !

M. Denis Jacquat. Cela fait bien plus de cinq minutes qu'il parle !

M. Daniel Goldberg. En l'absence de régulation et par manque de transparence
sur la vision politique que vous souhaitez pour la future carte universitaire,
il n'est pas certain que ce texte ne se traduise pas, dans les faits, pour des
milliers de jeunes par « étudier moins pour travailler plus » et même «
travailler plus jeune et gagner moins ». (Applaudissements sur les bancs du
groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

M. Patrice Martin-Lalande. Caricature !"

Ce contenu a été publié dans Fac. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.